Sunday Thoughts and Feelings on motherhood
Sunday Thoughts and Feelings
Hello girls and gays, it's your girl Kpingni aka Nzinga Bandida. This week, I'm sharing with you my thoughts and feelings on motherhood as well as a recommendation for a beautiful movie set up in rural spain, that I saw last week.
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Bonne fête future maman !
A chaque fête des mères, mon père avait l’habitude de m’envoyer ce message « Bonne fête future maman ! » ; et ça me mettait dans tous mes états. La jeune féministe enragée en moi se demandait comment osait-t-il m’imposer une potentielle future maternité ? Pourquoi supposer que toutes les femmes veulent des enfants ? Après tout, je ne lui avais jamais dit que je voulais des enfants alors pourquoi supposer que toutes les femmes sans enfants sont forcément des futures mamans ? Une année, lasse de recevoir le même message à chaque fois, je lui ai demandé pourquoi il supposait que j’étais une future maman ? Il m’a répondu une phrase du type « Voyons ma chérie, le destin de toutes les femmes c’est d’être mère. » Je n’ai même plus essayé de discuter parce que sincèrement, par où commencer ? haha Enfin, je crois qu’il a fini par arrêter de m’envoyer ce message face à mon mécontentement mais cette année cette interaction m’est revenue à l’esprit car depuis la mort de ma grand-mère maternelle à la fin de l’année dernière, un group chat a été créé par ma famille maternelle pour que nous restions en contact. Cette année, j’ai envoyé un de ces gif clichés que j’adore avec écrit en créole « Bon fèt ba tout manman » (non, nous ne sommes pas Créoles mais il y avait une éléphante et son éléphanteau dans le gif et comme nous sommes Baoulés de Côte d’Ivoire, j’ai trouvé ce gif adapté. Peut-être qu’un jour j’écrirai un texte sur mon amour des gifs niais). A la lecture de mon gif de fête des mères ma tante préférée, tantie Angèle, m’a répondu « Merci ma chérie, bonne fête future maman ». Et là, mon réflexe de froncer les sourcils et lever les yeux au ciel a pris le dessus mais seulement quelques secondes puis je me suis souvenue qu’effectivement, à cette étape de ma vie, je veux des enfants, au moins un, car après être passée par l’étape accouchement, je ne suis pas sûre que je voudrais le refaire plus d’une fois. Déjà il y a l’endométriose qui pourrait potentiellement être un frein à une maternité biologique, mais en plus je n’ai ni la situation financière, ni la situation matrimoniale « idéale » pour avoir un enfant maintenant là tout de suite. Je mets le mot « idéale » entre guillemets car je pense qu’il n’y a pas vraiment de situation idéale pour accueillir un enfant, tant que les besoins matériels et émotionnels de base du potentiel enfant sont remplis.
Et puis je me pose la question suivante : serait-ce bien éthique ? Après tout la planète brûle, les fanatismes religieux et autres augmentent partout et le stade avancé du capitalisme dans lequel nous nous trouvons fait des ravages et ne semble pas reculer, au contraire. Mais je suis noire et Africaine, c’est-à-dire que la fin du monde qui fait paniquer les blancs européens responsables de la destruction de la planète a déjà eu lieu pour mon peuple, et nous sommes encore là. Je pense souvent au fait que les blancs ont colonisé et créé des systèmes pour dominer le monde pendant ces derniers 500 ans et ils ont réussi à en finir avec la planète en à peine 500 ans, alors tous les autres peuples y ont vécu tranquillement pendant des millénaires. Je sais que c’est tragique mais quand j’y pense comme ça je rigole. Un travail vraiment bâclé, mieux vaut en rire qu’en pleurer, c’est tout ce qui nous reste.
Par ailleurs, dans le groupe Akan dont fait partie l’ethnie Baoulé de ma mère, c’est la matrilinéarité qui prime, c’est-à-dire qu’en gros, on s’en fiche de qui se trouve être le père de ton enfant, car l’enfant appartient à la mère ; « ta mère est ta mère, ton père est l’homme que désigne ta mère » c’est assez logique quand on y pense. Donc plus d’être féministe, être Akan rend vraiment facile le fait de m’imaginer avoir un enfant toute seule, et a rendu facile le fait de demander à mon ami gay qui me ressemble énormément s’il accepterait de me faire dons de ses spermatozoides pour une future grossesse potentielle. Par ailleurs, retourner vivre en Côte d’Ivoire a vraiment rendu cette réalité plus tangible pour moi, car la présence de la famille et de la communauté fait que tu n’élèves jamais ton enfant seule. Je pourrais déposer mon enfant dans le salon de ma coiffeuse pendant toute une journée et aller faire des emplettes sans me préoccuper de quoi que ce soit. Mais revenons à la conversation de groupe. Lorsque j’ai lu le message de ma tante, pour la première fois, j’ai décidé de prendre ce « bonne fête future maman » non pas comme une imposition mais comme une bénédiction, comme des vœux d’un heureux présage. Sans compter que dans la langue Baoulé, le mot « tante » n’existe pas, il n’y a que le mot « maman » qui existe, ce qui signifie qu’en Baoulé, je suis déjà maman plusieurs fois et en français, je peux affirmer sans me tromper que je suis l’une des meilleures tantes du monde.
Cette semaine je vous recommande Everybody Knows, un superbe film qui parle de maternité, de paternité et de secret de famille. Ce film a été réalisé par l’iranien Ashgar Farhadi avec Penelope Cruz et Javier Bardem en personnages principaux. Un jour peut-être j’écrirai aussi sur mon amour des films qui se déroulent en Espagne rurale. Si vous me lisez depuis la France, le film est disponible sur le site d’Arte.

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Happy Future Mother's Day!

Every Mother's Day, my father used to send me this message: "Happy Future Mother's Day!” The angry young feminist in me wondered how dare he impose potential motherhood on me? Why assume that all women want children? After all, I'd never told him I wanted children, so why assume that all childless women are necessarily future mothers? One year, fed up with receiving the same message every time, I asked him why he assumed I was a mum-to-be? He replied with something like "Come on, darling, it's every woman's destiny to be a mother". I didn't even try to argue anymore because, frankly, where do you start? haha Anyway, I think he eventually stopped sending me that message in the face of my displeasure but this year that interaction came back to me because since my maternal grandmother died at the end of last year, a group chat has been set up by my maternal family so that we can keep in touch. This year, I sent one of those cliché gifs that I love, written in Creole as "Bon fèt ba tout manman" (no, we're not Creoles, but there was an elephant and her baby elephant in the gif, and as we're Baoulés from Côte d'Ivoire, I thought it was an appropriate gif; maybe one day I'll write a piece about my love of silly gifs). On reading my Mother's Day gif, my favourite aunt, Auntie Angèle, replied "Thank you, my darling, happy Future Mother's Day". And then my reflex to frown and roll my eyes took over, but only for a few seconds, and then I remembered that at this stage of my life, I do indeed want children, at least one, because after going through the childbirth stage, I'm not sure I'd want to do it more than once. First of all, there's the endometriosis, which could potentially be an obstacle to biological motherhood, but on top of that I don't have the 'ideal' financial or marital situation to have a child right now. I put the word “ideal” between quotation marks because truly I don't think there really is an ideal situation for welcoming a child, as long as the basic material and emotional needs of the potential child are met.
And then I ask myself this question: would this be ethical? After all, the planet is burning, religious and other forms of fanaticism are on the rise everywhere and the advanced stage of capitalism in which we find ourselves is wreaking havoc and doesn't seem to be slowing down. But I'm black and African, which means that the end of the world that is making white Europeans responsible for destroying the planet panick, has already happened for my people, yet we're still here. About that, I often think about the fact that white people have been colonising and creating systems to dominate the world for the last 500 years and they've managed to finish off the planet in just 500 years, while all the other peoples have been living on it for millennia without destroying it. I know it's tragic but when I think about it like that I just laugh. Better to laugh than cry, that's all we have left.
On another note, in the Akan group, to which the Baoulé ethnic group belongs, it's matrilineality that takes precedence, i.e. basically we don't care who happens to be the father of your child, because the child belongs to the mother. “Your mother is your mother, your father is the man your mother appoints as your father", it is pretty logical when you think about it. So, as well as being a feminist, being Akan makes it really easy for me to imagine having a child on my own, and made it easy for me to ask my gay friend, who looks a lot like me, if he'd be willing to donate his sperm for a potential future pregnancy. Plus, going back to live in Côte d'Ivoire has really made this reality more tangible for me, because the presence of the family and the community means that you never bring up your child alone. I know I could drop my child off at my hairdresser's for a whole day and go shopping without worrying about anything. But back to the group chat ; when I read my aunt's message, for the first time in my life, I decided to take this "Happy Mother's Day" not as an imposition but as a blessing, as a good omen. Not to mention that in the Baule language, the word "aunt" doesn't exist, only "mummy", which means that in Baule, I'm already a mummy several times over, and in French, I can safely say that I'm one of the best aunts in the world.
This week I'd like to recommend Everybody Knows a great film about motherhood, fatherhood and family secrets. It was directed by the Iranian Ashgar Farhadi and starring Penelope Cruz and Javier Bardem. Perhaps one day I'll also write about my love of films set in rural Spain. If you're reading this from France, the film is available on the Arte website.
