Sunday thoughts and feelings on Marseille
Hello girls and gays, this week i'm writing a love letter to a city I always run to when I need sea therapy. As usual, the english is below. Marseille mon amour La dernière fois que j'ai été à Marseille, c'était en juillet 2021, fraîchement sortie d'une situation de vie très difficile, je me suis dit que je voulais revoir Marseille et la mer Méditerranée avant de retourner vivre à Abidjan. J'ai quitté une colocation pourrie, j'ai déménagé mes affaires chez ma mère, j'ai trouvé une fille sur Facebook qui sous-louait son appartement et je suis partie à Marseille pour deux semaines. C'était le premier été après les quinze kilos que j'avais pris en trois mois pendant ce terrible hiver, à cause d'une mauvaise rupture, de l'isolement dû aux couvres-feu du covid, de la solitude, de l'anxiété et tout le toutim. En outre, j'étais extrêmement déprimée et je n'étais pas encore très à l'aise dans mon nouveau corps, mais je savais qu'il avait besoin d'une thérapie par la mer. Le séjour à Marseille m'a inspiré ma meilleure métaphore pour décrire la dépression que j’ai trouvé jusqu'à présent : "La dépression, c'est comme être sur la plage en été, voir les gens heureux, les enfants qui jouent, les gens qui prennent le soleil, mais ne pas sentir la chaleur du soleil sur sa peau". Car c'est exactement ce que je ressentais. Je sortais également de la précarité, car j'avais commencé un travail bien rémunéré trois mois plus tôt et j'étais encore dans la phase lune de miel. Comme j'avais de l'argent, j'essayais différents restaurants et j'allais partout en uber. La géographie de Marseille et ses nombreuses collines à gravir aggravaient mes douleurs chroniques et rendaient ma mobilité plus difficile. En conséquence, je prenais beaucoup de médicaments et j'avais crises inflammatoires, seule dans ce joli appartement. C'était tout de même agréable d'être là. Je préfère m’effondrer seule dans un joli appartement au bord de la mer que dans un appartement merdique rempli de colocataires fous et violents situé sur la "colline du crack" parisienne. Parce que quand est-ce que la mer n'est jamais agréable ? Je voyais des paysages qui m'émouvaient, je n'arrivais pas à croire qu'à ce stade avancé du capitalisme, on pouvait faire du vélo ou payer 2 euros de bus et avoir accès à toute cette beauté. Avant 2021, la dernière fois que j'étais à Marseille, c'était à l'été 2015, juste avant d'aller travailler pour mon premier vrai emploi après mes études, en République Démocratique du Congo, un emploi qui a donné le coup d'envoi de la pire période de ma vie. Je me souviens d'avoir acheté un crop top et un short très court pour la toute première fois et d'avoir marché sur la cannebière, l'avenue principale de Marseille, en les portant, souriant aux hommes qui m'interpellaient avec cet épais accent du sud. Je n'étais pas encore une féministe pure et dure, ce qui me permettait d'éteindre mon cerveau de temps en temps. De plus, j'étais encore valide, mince et insouciante. C'est l'une des rares fois de ma vingtaine où je me suis sentie sexy, pas mignonne, mais SEXY. Je crois que je souriais parce que les sifflets de ces hommes ne faisaient que confirmer ce que je ressentais dans mon corps. Alors que je me pavanais dans la rue, je me souviens avoir pensé "wow, plus jamais de ma vie je ne me sentirai aussi jeune, insouciante et sexy que maintenant". Je ne sais pas si c'était une malédiction ou une prédiction, mais j'avais malheureusement raison. Cette année, je me suis donc retrouvée à Marseille, sans emploi et sans argent, avec presque dix ans de plus, vingt kilos de plus, plus à l'aise dans mon nouveau corps, mais très loin d'être insouciante. En fait, je m'étais réfugié à Marseille suite à mon besoin pressant d'oublier, ne serait-ce que quelques jours, que ce pays veut que les gens comme moi soient en colère, souffrants et morts. S’il y a bien une chose que l’adversité m’a appris, c’est que nos corps marrons ne doivent pas être des pièges à rage, à désespoir et à colère ; je me suis donc permis de me délecter à arpenter les rues pittoresques du centre ville, ces rues et ces bâtiments typiques du sud de l'Europe dont les couleurs et les formes m'enchantent et font remonter de beaux souvenirs , à manger une part de pizza à 2.50€ sur un banc en discutant avec mes amis sur la place du quartier, à boire des monaco à 3€ dans les bars de la place, à insulter les harceleurs de rue parce que je suis maintenant une féministe en colère à 100%, à profiter de ces paysages incroyables, à aller sur une plage différente chaque jour où j'ai appris à jouer au Uno avec mon cher ami, tout en mangeant des churros avec du Nutella comme si ma vie en dépendait, à obtenir la peau la plus foncée et la plus lisse de ma vie, et surtout, à sentir enfin le soleil sur ma peau. Et wow, qu'est-ce que c'est bon de pouvoir sentir le soleil sur sa peau. Cette semaine je partage avec vous une chanson de la chanteuse R que je joue en replay depuis plusieurs mois. Le clip correspond parfaitement aux sensations créées par la chanson et traduit bien ce qu’on ressent près de la mer et lorsqu’on les rayons du soleil et la Maresia (l'embrun marin) nous caressent, lorsqu'on est amoureux et tout nous semble léger, simple et possible. https://www.youtube.com/watch?v=3zxPluMRilI ________ENGLISH__________ Marseille mon amour Last time I was in Marseille, it was July 2021, fresh out of a very difficult living situation, I thought I wanted to see Marseille and the Mediterranean Sea again since I was to go back to live in Abidjan at the end of that month. I left a very shitty roommate situation, moved my stuff to my mom's, found a girl on Facebook that was subletting her apartment and off I was to Marseille for two weeks. It was the first summer post the fifteen kg I gained in three months during THAT terrible winter, due to a bad breakup, covid isolation, loneliness, anxiety and all my lethal jazz. Besides, I was extremely depressed and I wasn't yet very comfortable in that new body of mine but I knew it needed some sea therapy. Being in Marseille inspired my best metaphor for depression so far: " Depression is like being on the beach in summer, seeing people happy, kids playing, people sunbathing, but not feeling the heat of the sun on your skin". Because, that's exactly how it felt. I was also fresh out of brokedom because I had started a well-paying job three months earlier and I still was in the honeymoon phase of it. Since I had money, I was trying various restaurants and I was ubering everywhere. That was also due to the fact I was very much in emotional and physical pain, the geography of Marseille and its numerous hills to climb worsened my chronic pains and making my mobility more difficult. As a result, I was taking lots of meds and having flare ups and break downs alone in that cute apartment. It was still nice being there though. I’d rather break down alone in a cute seaside apartment that in a shitty one full of crazy and violent roommates located on the Parisian so-called “crack hill”. Because when is the sea ever not nice? I was seeing landscapes that were making me emotional, I couldn’t believe that in this late stage of capitalism one could bike or pay a 2 euros bus fare and have access to all this beauty. Before 2021, the last time I was in Marseille was in summer 2015, right before going to work my first real job post studies, in the Democratic Republic of Congo, a job that kickstarted the worse period of my life. I remember buying a crop top and short shorts for the first time ever and walking down the cannebiere, the main avenue of Marseille, wearing them, smiling at men catcalling me in that thick southern accent. I wasn't a die-hard feminist yet, which allowed me to switch my brain off from time to time. Plus, I was still able-bodied, skinny and carefree. It was one of the rare times of my early twenties that I felt sexy, not cute, but SEXY. I guess I was smiling because the catcalling was just confirming what I was feeling in my body. While strutting my stuff on the streets, I remember thinking " wow, never again in my life will I feel as young, carefree and sexy as I am feeling now." I don't know if that was a curse on myself or a prediction, but I was unfortunately right. So this year, I was in Marseille again, jobless and broke, almost ten years older, twenty kilograms bigger, more comfortable in my new body yet very far from being carefree. I fact, I had fled to Marseille following my pressing need to forget, even for a few days, that this country wants people like me angry, suffering and dead. Since adversity taught me that our bodies should not be traps for rage, desperation and anger, I allowed myself to revel in walking up and down town with my crop top and short shorts, strolling through the picturesque streets of the city center, these streets and buildings typical of southern Europe, whose colors and shapes enchant me and bring back beautiful memories; I revelled in eating delicious 2.50€ pizza slices sat on a bench chatting with my friends at the neighbourhood square, in drinking a 4€ Monacos at one of local bars, in telling off the catcallers because now I’m now a fully-fledged angry feminist, in taking in those amazing landscapes, in going to a different beach every day where I learned to play Uno with my dear friend while eating churros with Nutella like my life depends on it, in getting the smoothest darker skin and most importantly, in finally feeling the sun on my skin. And wow, how good is it to be able to feel the sun on one's skin.
This week I'm sharing with you a song by Rachel Reis that I've been playing on replay for several months now. The clip perfectly matches the sensations created by the song and translates what it feels like to be near the sea, when the sun's rays and the Maresia (sea air&water) caress us, when we're in love and everything seems light, simple and possible.

https://www.youtube.com/watch?v=3zxPluMRilI