Sunday Thoughts and Feelings on : the demonization African spiritualities
English below Qui a peur des grands méchants esprits ?
Ces jours-ci je passe beaucoup de temps sur tiktok où je suis pas mal de personnes pratiquantes des spiritualités d’origine africaine, Vodun, Hoodoo, Santeria Isese, Candomblé, Umbanda etc. et plus je regarde ce genre de contenu, plus l’algorhitme m’en propose. Récemment , je suis donc tombée sur des vidéos de ce qui avait l’air d’une initiation. J’ai compris que ça se passait au Gabon mais je n’y ai pas prêté plus attention que ça puisque c’est le contenu typique qui m’est proposé en général ; jusqu’à ce que je tombe sur une vidéo d’explication. Il s’agissait d’une très belle jeune femme, influenceuse gabonaise qui a fait son initiation dans le Bwiti et a posté quelques vidéos tiktok comme elle en a parfaitement le droit. Evidemment dans les commentaires, les premières personnes à la traiter de sorcière et de commenter des commentaires du type « Jésus Jésus Jésus » étaient les africain.es eux-mêmes. Il y a même une personne qui a commenté « Merci seigneur je sais que tu es le chemin la vérité et la vie », et quelqu’un lui a répondu « d’accord, mais pourquoi tu viens dire ça ici ? » ça m’a fait rire mais la question était valide, tellement valide qu’elle n’a pas reçu de réponse de la concernée et vous savez pourquoi ? Parce que la concernée n’avait pas de réponse. Elle a vu quelque chose qui s’apparentait à la pratique d’une spiritualité traditionnelle et automatiquement toutes les alarmes chrétiennes ont été déclenchées dans son cerveau et elle a tapé son commentaire avant même de réfléchir. Quelque chose me dit que cette femme a sûrement vu passé des tas de vidéos de personnes hindoues ou musulmanes ou autre en train de pratiquer leurs religions mais elle n’a jamais rien commenté sous ces vidéos ? et pourquoi ? la réponse vous la connaissez : lavage de cerveau.

Au sujet du lavage de cerveau, j'ai une anecdocte à vous raconter. La semaine dernière j’ai enfin commencé à écrire mon nouveau scénario de court-métrage que j’ai en tête depuis que j’ai participé à l’Abissa, les cérémonies du « nouvel an » du peuple Nzima de Grand-Bassam. J’adore tout ce qui est folklore et j’adore tout ce qui est africain donc j’avais toujours voulu y aller sans jamais en avoir l’occasion jusqu’à l’année dernière. Lorsque j’ai dit à ma mère (catholique) que j’y allais, elle m’a dit de faire attention aux « flèches mystiques », quand j’ai répété ça en riant à mon oncle chauffeur de taxi qui nous accompagnait ma copine et moi à l’Abissa, il n’a pas trouvé ça très drôle, il m’a dit de ne me pas me moquer des « réalités de l’Afrique ». Quand je lui ai demandé ce qu’était une flèche mystique et comment je pouvais les reconnaitre afin de pouvoir les éviter ? je n’ai pas reçu de réponse. De la même façon, lorsque l’amie qui m’accompagnait a dit à sa mère (évangélique) qu’on allait à l’Abissa, sa mère était très mécontente. Pourquoi ? La réponse vous la connaissez : lavage de cerveau.
En effet, même si les trois personnes citées étaient incapables de nous dire de quoi exactement nous devions avoir peur, elles étaient sûres qu’on devait avoir peur de quelque chose car on allait à une cérémonie traditionnelle et dans la tête de l’africain.e de base qui a donc reçu un lavage de cerveau d’une religion abrahamique ou d’une autre, tout ce qui est traditionnel est apparenté à la sorcellerie, au malin, au mal absolu. On voit des plantes en train de tremper dans de l'eau dans une basine on panique, on voit du kaolin sur le visage de quelqu’un on panique, on voit des cauris placés quelque part, on panique, on ne sait même pas ce qu’il se passe mais on panique quand même. La panique est automatique, la réponse est pavlovienne car elle n’est pas logique. Elle est le fruit de quelques centaines d’années de lavage de cerveau pour faire croire aux africain.es qu’absolument tout ce qui a trait aux spiritualités traditionnelles est mal. Ce n’est pourtant pas nos spiritualités qui ont été utilisées pour justifier colonisation, pillage et esclavage, donc à quel point peuvent-elles vraiment être maléfique ?
Cela dit, je ne suis pas naïve, je sais très bien que la spiritualité est utilisée par les êtres humains pour faire du mal, tout comme pour faire du bien, mais je n’en reste pas moins choquée, que le premier réflexe de tout africain.e par rapport à sa propre spiritualité reste la méfiance, la peur et la haine. Choquée mais pas étonnée car j’étais comme ça aussi, il fut un temps. Mon éducation catholique déclenchait des alarmes automatiques dans mon cerveau dès que mes yeux voyaient des manifestations évidentes de spiritualités traditionnelles africaines, c’est le Brésil qui m’a décolonisé spirituellement et c’est pour cela que ce pays à une place spéciale dans mon cœur. La situation que je décris ici est paradoxale parce que tout le monde sait que ce sont les mêmes gens qui commentent « Jésus Jésus Jésus » sous les vidéos des autres qui vont aller voir des herbalistes, tradipraticiens et autre soigneurs et soigneuses traditionnel.les quand leur religion ne leur apporte pas les réponses ou la guérison qu’ils recherchent.

Par ailleurs, toute personne avec une capacité d’analyse basique comprendrait que la fixation des chrétiens africains sur le sang de Jésus, la possession par les mauvais esprits et les personnes qui tombent en transe en plein culte n’est qu’une persistance de la pratique des spiritualités traditionnelles, syncrétisée avec le christianisme (je n’ai jamais vu de personne blanche tomber en transe dans toutes mes années d’églises dans différents pays d’Europe et même du Moyen-Orient). Quand j'étais petite on faisait des processions à l'église en portant des plateaux de fruits et autres vivres pour aller les déposer aux pieds des statues chrétiennes blanchies, ça aussi c'est du syncrétisme inconscient car je n'ai jamais vu personne dans les églises européennes et même les églises moyen-orientales faire la même chose. Mais qui ne se rend pas compte du syncrétisme qu’il pratique est condamné à être lavé du cerveau car oui les personnes africaines sont la définition même de la dissonance cognitive. Je pense que c’est légèrement différent pour les musulmans d’Afrique de l’ouest car ils ont réussi à mélanger leurs spiritualités à l’Islam et aller voir un marabout est une pratique normale pour elles, mais je n’ai jamais été musulmane donc je ne peux pas m’étendre là-dessus. Je sais que de nombreuses personnes en Afrique et dans les caraïbes (donc des noir.es) croient dur comme fer au mensonge enseigné par les colons qui dit que si nous, les noirs, sommes dans une telle situation de misère économique, c’est parce que Dieu nous punit de pratiquer nos religions traditionnelles. « Regardez le sort d’Haïti » disent-ils. Oui, il y a des tas de personnes noites qui croient sérieusement que si Haïti est un pays qui souffre autant, ce n’est pas parce qu’en tant que premier pays à se libérer de l’esclavage il a été la cible de la punition des colons français, espagnol et US américains, qu’il a dû payer des réparations à la France jusqu’au début du vingtième siècle et qu’il est situé sur une plaque tectonique, non, non, non, c’est à cause du Vodun. Tous les maux du capitalisme suprémaciste blanc est attribué au Vodun, le même Vodun qui a été pratiqué pendant des millénaires en Afrique, sans problème. Même si vous êtes de mauvaise foi, vous reconnaitrez quand même que c’est dans le manuel de base du pervers narcissique de culpabiliser la victime pour le mal que celui-ci lui a fait « si je t’ai frappé c’est de ta faute, c’est à cause de ton comportement. ». Je trouve ça extrêmement pervers mais également extrêmement efficace. Si tu réussis à convaincre les gens de renier toutes leur essence, tu n’as même plus besoin de piller, voler ou coloniser, ils te donneront leurs richesses d’eux-mêmes, ils se soumettront d’eux-mêmes.

Cela me fait penser à une vidéo que j’ai vu sur twitter il y a quelques temps. Des colons musulmans ont posté cette vidéo où on voyait des habitants d’un village togolais ou béninois qui venait d’accepter l’Islam et détruisaient leurs « idoles » (des statues en bois). Alors que beaucoup de gens s’indignaient à raison et disaient que pendant qu’on détruit nos propres objets de valeurs, les blancs les prennent pour les mettre dans les musées et se faire de l’argent. A ces mots, une jeune malienne a répondu très sérieusement, « des objets de valeurs, ces vieilles statues en bois là ? », montrant ainsi au grand jour le défaut qu’on la plupart des derniers arrivés dans une religion, le zèle. Je rajouterai qu’en plus du zèle, la haine de soi est aussi au programme car les spiritualités africaines sont aussi médecines, philosophies, histoires, astrologies, astronomies, politiques, compréhensions du monde etc. Et donc rejeter ces spiritualités et leurs enseignements en les démonisant automatiquement c’est rejeter des connaissances fondamentales pour l’humanité mais surtout pour nous personnes africaines et afro descendantes. A ce sujet, je fais souvent le parallèle avec l’hindouisme. Si les hindous avaient rejeté automatiquement leur religion comme le font les personnes africaines, personne n’aurait su ce qu’est le Yoga et à quel point ça peut aider tout le monde aussi bien sur le plan physique que mental. Oui, car les spiritualités traditionnelles des peuples du monde entier sont des manifestations de la façon dont ces peuples ont évolué, se sont organisés, se sont soignés et se sont adaptés au monde qui les entoure pour survivre sur cette planète. La preuve en est que le christianisme qui a dominé en Europe au moment des « découvertes » est une religion qui mets l’être humain de sexe masculin au centre de l’univers, en lui donnant autorité et toute puissance sur la femme, la faune, la flore, sur tout objet animé ou inanimé. Cette philosophie de domination et de supériorité nous a emmené aujourd’hui à une planète détruite par ce même homme. Critiquer et démoniser les spiritualités qui demandent qu’on respecte la nature et qu’on vive en harmonie avec celle-ci, pour ensuite dire que la destruction de la planète est l’un des signes de l’apocalypse et de la fin du monde c’est assez typique du christianisme. Qui est réellement surpris ici ?

Quoi qu'il en soit, j'estime que tout le monde a le droit de choisir sa propre spiritualité, ce n’est pas parce que tes ancêtres pratiquaient X que tu dois aussi pratiquer X, tout le monde a le droit de faire ses propres choix en matière de spiritualité en fonction de sa personnalité et valeurs personnelles (moi par exemple je suis très attachée à la musique et aux basses des tambours donc une religion où la musique et la danse sont interdites ne peut pas me correspondre, d'ailleurs j'étais très contente quand j'ai appris au catéchisme que "chanter c'est prier deux fois" car la musique était ce que je préférais le plus à l'église).
Cependant la réponse négative automatique de l’africain.e de base à la mention des spiritualités traditionnelles me laissent croire qu’ici il ne s’agit pas de libre arbitre mais bel et bien de lavage de cerveau. Les noir.es s’accrochent à des religions et des valeurs que même les gens qui leurs ont apporté de suivent plus, au contraire beaucoup d’entre eux se tournent vers les spiritualités asiatiques, et même africaines, à la recherche de plus d’authenticité et de tolérance. C’est le cas au Brésil ou de nombreux blancs ont quitté les églises pour se tourner vers le Candomblé et l’Umbanda, ils sont même parfois en majorité dans ces lieux de culte, ce qui est dénoncé depuis longtemps par les afrobrésilien.nes comme une nouvelle forme de colonialisme. Dans sa chanson « Vai cuidar da sua vida » Itamar Assumpçao chante les paroles suivantes :
Negro falava de umbanda (Les Noirs parlaient d’Umbanda)
Branco ficava cabreiro (Les Blancs s'énervaient)
Fica longe desse negro (Ne vous approchez pas de ces noirs)
Esse negro é feiticeiro (Ces noirs sont des sorciers)
Hoje o preto vai à missa (aujourd’hui les noirs vont à la messe)
E chega sempre primeiro (ils arrivent toujours les premiers)
O branco vai pra macumba (Les blancs pratiquent les religions d’origines africaines)
Já é Babá de terreiro (Ils deviennent même prêtes dans nos lieux de culte )
Pour écouter c'est ici : https://youtu.be/oA_LdAX9pXc
Revons à l’Abissa. Ma go sûre Séphora et moi attendions l’arrivée du tambour quand nous avons remarqué un jeune blanc français qui parlait N’zima couramment et en N’zima avec les gens du palais royal qui le considérait comme l’un des leurs. Notre attente étant très longue nos oreilles se sont baladées; nous avons fini par entendre deux vieilles dames raconter comment ce jeune homme avait manqué de respect à la cour royale en disant que ce sera lui qui crééra le 8ème clan N’zima (il y a 7 clans chez les N’zimas, qui ont leur importance pendant l’Abissa). En écoutant cette anecdote, Séphora et moi nous sommes regardé d’un air entendu. La leçon se trouvait précisément là et j’espère que les africain.es l’apprendront et se réveilleront avant que le « 8ème clan » ne soit créé. Cela dit rien n’est moins sûr. En tout cas je ne pense pas voir un renouveau spirituel traditionnel de mon vivant (ce n'est pas pour être afropessimiste mais les prévisions disent que les effets du changement climatique en Afrique créeront un fanatisme religieux exacerbé par la misère) mais ça ne m’empêche pas d’apporter ma pierre à l’édifice à ma façon, à travers mes écrits, mes paroles et mes productions culturelles. En plus, nos spiritualités africaines nous apprennent que, les morts ne sont jamais vraiment morts et cela me rassure un peu quelque part.
Cette semaine je vous propose de regarder A dona do terreiro, un documentaire très court et très intéressant sur les religions de matrice africaine pratiquées aux Brésil, où les femmes ont un rôle prépondérant (d'où le titre qui signifie " Celle qui tient le lieu de culte"). Dans ce documentaire apparaissent des iyalorisa (prêtresses) très connues au Brésil dont Mãe stella de Oxossi qui nous a quitté en 2018. Les sous-titres sont disponibles en anglais seulement malheureusement.

https://youtu.be/6wP1Tg8MF2I
Merci de m'avoir lu et n'hésitez pas à me faire des retours, des remarques, des suggestions si mon texte vous a plu, interpellé ou appris quelque chose.
_________________English_____________________
Who's afraid of the big bad spirits?
These days I spend a lot of time on TikTok where I follow a lot of people practising spiritualities of African origin, Vodun, Hoodoo, Santeria Isese, Candomblé, Umbanda etc. and the more I look at this kind of content, the more the algorithm suggests it to me. So recently I came across some videos of what looked like an initiation. I understood that it was taking place in Gabon but I didn't pay any more attention to it as it's the typical content I usually see. Until I came across an explanation video. It was about a very beautiful young woman, a Gabonese influencer who had been initiated into Bwiti and had posted a few tiktok videos, as she has every right to do. Obviously, in the comments, the first people to call her a witch and make comments like "Jesus Jesus Jesus" were the Africans themselves. One person even commented "Thank you Lord, I know that you are the way, the truth and the life", and someone replied "OK, but why did you come here to say that?" It made me laugh, but the question was valid, so valid that it didn't get a response from the person concerned, and you know why? Because she didn't have an answer. She saw something that resembled the practice of a traditional spirituality and automatically all the Christian alarms were set off in her brain and she typed her comment before even thinking about it. Something tells me that this woman must have seen loads of videos of Hindu or Muslim or other people practising their religions but she never commented on them, and why? the answer is obvious: brainwashing.

About brainwashing, I have an anecdote to tell you. Last week I finally started writing my new short film script, which I've had in mind ever about a year ago when I took part in Abissa, the 'new year' ceremonies of the Nzima people of Grand-Bassam. I love all things folklore and I love all things African, so I'd always wanted to go without ever getting the chance until last year. When I told my (Catholic) mother I was going, she told me to watch out for the "mystical arrows", and when I laughed and repeated that to my taxi-driver uncle who was taking my girlfriend Sephora and me to Abissa, he didn't think it was very funny, and told me not to make fun of the "realities of Africa". When I asked him what a mystical arrow was and how I could recognise them so as to be able to avoid them? I didn't get an answer. Similarly, when my girlfriend Sephora told her (evangelical) mother that we were going to Abissa, her mother was very unhappy. And why was that? You know the answer: brainwashing.
In fact, even if the three people mentioned were unable to tell us exactly what we should be afraid of, they were sure that we should be afraid of something because we were going to a traditional ceremony and in the mind of the average African, who has therefore been brainwashed by one Abrahamic religion or another, everything traditional is associated with witchcraft and absolute evil. If you see plants in a soaking water in a basin, you panic; if you see kaolin on someone's face, you panic; if you see cowrie shells somewhere, you panic; if you see food offerings on a tray, you panic, you don't even know what's going on here, yet you panic. Panic is automatic, the response is Pavlovian because it's not logical. It's the result of few hundreds of years of brainwashing to make Africans believe that absolutely everything to do with traditional spirituality is wrong. Yet it wasn't our spiritualities that were used to justify colonisation, pillage and slavery, so how evil can they really be? Uh?
Having said that, I'm not naive, I know very well that spirituality is used by human beings to do evil, just as it is used to do good, but I'm still shocked that the first reflex of any African with regard to their own spirituality is distrust, fear and hatred. I'm shocked, but not surprised, because I was like that once too. My Catholic upbringing set off automatic alarms in my brain as soon as my eyes saw obvious manifestations of traditional African spirituality. It was Brazil that decolonised me spiritually and that's why this country has a special place in my heart. The situation I'm describing here is paradoxical because everyone knows that it's the same people who comment "Jesus, Jesus, Jesus" under other people's videos who go to see herbalists and traditional healers when their religion doesn't give them the answers or the healing they're looking for.

Furthermore, anyone with a basic capacity for analysis would understand that the fixation of African Christians with the "blood of Jesus" and "evil spirits" and people falling into trances in the middle of mass and worships is simply a persistence of the practice of traditional spiritualities, syncretised with Christianity (I have never seen a white person fall into a trance in all my years of church life in various European countries). When I was a child, we used to make processions to church carrying trays of fruit and other foodstuffs to place at the feet of whitewashed Christian statues. This too is unconscious syncretism, because I've never seen anyone in European churches or even Middle Eastern churches do the same thing. But anyone who doesn't realise the syncretism they're practising is doomed to be brainwashed and yes, African people are the very definition of cognitive dissonance. I think it's slightly different for West African Muslims because they've managed to mix their spiritualities with Islam and going to see a marabout is a normal practice for them, but I've never been a Muslim so I can't go into that. I know that many people in Africa and the Caribbean (i.e. black people) firmly believe the lie taught by the colonialists, which is that if we black people are in such a situation of economic misery, it's because God is punishing us for practising our traditional religions. "Look at the fate of Haiti", they say. Yes, there are plenty of black people who seriously believe that if Haiti is a country that is suffering so much, it's not because as the first country to free itself from slavery it was the target of punishment by the French, Spanish and US American colonists, that it had to pay reparations to France until the beginning of the twentieth century and that it is situated on a tectonic plate, no, no, no, it's because of the Vodun. All the evils of white supremacist capitalism are attributed to Vodun, the same Vodun that has been practised for millennia in Africa, with no problem. Even if you're acting in bad faith, you'll still recognise that it's part of the basic manual of the narcissistic pervert to make the victim feel guilty for the harm done to them : "If I hit you, it's your own fault, it's because of your behaviour". I find this extremely perverse but also extremely effective. If you succeed in convincing people to deny all their essence, you don't even need to pillage, steal or colonise, they'll give you their riches themselves, they'll submit to you by themselves.

This reminds me of a video I saw on twitter a while back. Muslim settlers posted this video showing the inhabitants of a Togolese or Beninese village who had just accepted Islam destroying their "idols" (wooden statues). Many people were rightly indignant, saying that while we were destroying our own valuables, white people were taking them to put in museums and make money. To these words, a young muslim Malian woman replied very seriously, "Valuable objects ? these old wooden statues ?", thus exposing the flaw that most recent arrivals in a religion have, zeal. I would add that in addition to zeal, self-hatred is also on the agenda, because African spiritualities are also medicines, philosophies, histories, astrology, astronomies, politics, understandings of the world and so on. Therefore to reject these spiritualities and their teachings by automatically demonising them is to reject knowledge that is fundamental for humanity, but especially for us Africans and Afro-descendants. On this subject, I often draw a parallel with Hinduism. If Hindus had automatically rejected their religion as Africans do, no one would have known what yoga is and how it can help everyone, both physically and mentally. Yes, because the traditional spiritualities of people all over the world are manifestations of the way in which these people have evolved, organised themselves, looked after themselves and adapted to the world around them in order to survive on this planet. The proof of this is that Christianity, which dominated Europe at the time of the "discoveries", is a religion that places the male human being at the centre of the universe, giving him authority and power over women, fauna, flora and all animate and inanimate objects. This philosophy of domination and superiority has led us today to a planet destroyed by this same man. To criticise and demonise spiritualities that call for us to respect nature and live in harmony with it, and then to say that the destruction of the planet is one of the signs of the apocalypse and the end of the world, is fairly typical of Christianity. Who's really surprised here?

Despite it all, I believe that everyone has the right to choose their own spirituality, it's not because your ancestors practised X that you also have to practise X, everyone has the right to make their own choices when it comes to spirituality according to their personality and values (I, for example, am very attached to music and the bass tones of drums, so a religion where music and dance are forbidden can't suit me. Besides, I was very happy when I learned in catechism that "to sing is to pray twice", as music was my favorite part of church). However, the automatic negative response of the average African to the mention of traditional spiritualities leads me to believe that this is not a question of free will but of brainwashing. Black people cling to religions and values that even the people who brought them here no longer follow. On the contrary, many of them turn to Asian and even African spiritualities in search of greater authenticity and tolerance. This is the case in Brazil, where many white people have left the churches to turn to Candomblé and Umbanda, and in some cases they are even in the majority in these places of worship. In his song "vai cuidar da sua vida" Itamar Assumpçao sings the following lyrics:
Negro falava de umbanda (Black people spoke of Umbanda)
Branco ficava cabreiro (White people were getting angry)
Fica longe desse negro (Don't go near those blacks)
Esse negro é feiticeiro (These blacks practice witchcraft)
Hoje o preto vai à missa (Today black people go to mass)
E chega sempre primeiro (they always arrive first)
O branco vai pra macumba (White people practice religions of African origin)
Já é Babá de terreiro (They even become priests in our places of worship)
To listen click here : https://youtu.be/oA_LdAX9pXc
That brings me back to Abissa. My girlfriend Sephora and I were waiting for the big drum that launches the celebrations to arrive when we noticed a young white Frenchman who spoke N'zima fluently and was joking in N'zima with the people from the royal palace who considered him one of their own. Our wait was very long and our ears were wandering, so we ended up hearing two old ladies recount how this young man had disrespected the royal court by saying that he would be the one to create the 8th N'zima clan (there are 7 clans among the N'zimas, which are important during Abissa). As we listened to this anecdote, Sephora and I looked at each other knowingly. The lesson was precisely there and I hope that Africans will learn it and wake up before the "8th clan" is created. That said, nothing is less certain. In any case, I don't think I'll see a traditional spiritual revival in my lifetime (not to be Afropessimistic, but forecasts say that the effects of climate change in Africa will create religious fanaticism exacerbated by poverty); but that doesn't stop me from making my contribution in my own way, through my writings, my words and my cultural productions. What's more, our African spirituality teaches us that the dead are never really dead, and that reassures me somewhat.
This week, I'd like to invite you to watch A done do terreiro, a very short and interesting documentary on the African matrix religions practiced in Brazil, where women play a predominant role (hence the title meaning "the owner of the place of worship"). The documentary features some of Brazil's best-known iyalorisa (priestesses), including Mãe stella de Oxossi, who passed away in 2018. Subtitles are available in English.

https://youtu.be/6wP1Tg8MF2I
Thank you for reading. Don't hesitate to send me any feedback, comments or suggestions if my text has appealed to you, challenged you or taught you something.