D'autres versions de moi / Other versions of myself

(Scroll down for English babe)

Paper collage by moi (Paper, pencil, felt tip pens, crayons)

Chèr.e ami.e,

Pour le meilleur et pour le pire, je vis beaucoup dans ma tête. Je vois mon passé avec des lunettes roses, je redoute l'avenir et le présent est difficile à vivre. Alors, depuis un certain temps, je pense et j'espère qu'il existe plusieurs autres versions de moi dans d'autres univers alternatifs. Je suppose que c'est encore une autre manifestation de mon besoin intrinsèque d’evasion.

L'une de ces versions de moi est une graphiste à la garde-robe minimaliste composée essentiellement de vêtements noirs, beiges et marron foncé. Elle porte toujours des box braids noires(couleur 1B) qu'elle fait elle-même. Elle adore le café, en particulier le café préparé dans ces cafetières italiennes classiques. Elle a un chat noir nommé Okoye et ils vivent à Berlin, plus précisément à Kreuzberg, dans un de ces appartements aux hauts plafonds. Elle vit aussi avec son petit ami, un métis dont la richesse générationnel (du côté blanc évidemment) fait de lui le propriétaire de l’appartement qu’ils occupent. Elle aime vivre avec lui. Elle aime le côté domestique de tout ça. Le dimanche matin, ils se rendent en vélo sur les marchés de producteurs bio, puis rentrent à la maison et cuisinent ensemble de délicieux repas copieux. Ils passent ensuite le reste de l'après-midi à paresser sur le canapé, à regarder de vieux films, à écouter des vinyles et à lire des livres en silence, le chat ronflat près d’eux. J'espère qu'elle est contente, j'espère qu'elle est heureuse.

L'une d'entre elles vit au Brésil, à Rio de Janeiro ou peut-être à Salvador. Elle enseigne les danses afro-brésiliennes et anime des ateliers de théâtre pour les enfants des milieux défavorisés. Ensemble, ils mélangent et associent des pièces de théâtre du continent africain et de sa diaspora pour créer de nouvelles pièces magnifiques. Dernièrement, ils ont travaillé sur une nouvelle version d'Orpheus Negro adaptée aux enfants. Elle est pansexuelle et polyamoureuse. Elle sort actuellement avec plusieurs personnes de genres différents, en même temps. Le polyamour lui convient bien car elle n’a jamais été ni du genre jalouse ni du genre fidèle. Elle a tout l'amour dont elle a besoin dans sa vie, car elle est entourée d'une forte communauté de femmes noires qui la soutiennent. Elle pratique le Candomblé et porte beaucoup de jaune et de rouge. Elle possède de nombreux crop tops et headwraps en crochet, ainsi que de longues jupes fluides à taille haute. Elle ne veut pas devenir mère un jour, mais elle adore être la tante amusante et la marraine des enfants de ses amies. Elle a un petit appartement face à la mer où elle aime se prélasser, lire dans son hamac au coucher du soleil ou faire son yoga tous les matins au lever du soleil. J'espère qu'elle est contente, j'espère qu'elle est heureuse.

Il y en a une autre qui est DJ et productrice de musique. Elle vit à Nairobi, au Kenya. Elle a de longues locks épaisses et porte beaucoup de kimonos à motifs africains. Elle vit dans le quartier de Kilimani avec son compagnon, un producteur de musique de 13 ans son aîné. Ils étaient amis depuis longtemps avant de tomber amoureux. Franchement, ça l'a surprise, mais elle s'est laissée porter par le vent et vit aujourd'hui la relation la plus paisible qu'elle ait jamais eue. Son partenaire est ouvertement bisexuel, tout comme elle, et il est adorable avec tout le monde, y compris les animaux et les enfants. C'est ce qu'elle aime le plus chez lui. Ensemble, ils produisent de la musique afro-électronique et font la tournée des meilleurs festivals en Afrique de l'Est et à l'étranger. Elle pense qu'elle voudra bientôt avoir un enfant, et quand le bébé arrivera, ils déménageront probablement sur la côte, peut-être à Lamu ou à Diani. Ils s'achèteront une maison au bord de la mer, avec l'un de ces toits Swahili typiques, où elle fera sa méditation et ses étirements à chaque crépuscule, avec le vent de l'océan Indien qui lui giflera le visage. J'espère qu'elle sera contente, j'espère qu'elle sera heureuse.

La dernière est professeur d'études sur les femmes africaines dans l'une de ces prestigieuses universités américaines de l’ Ivy-league. Elle a les cheveux courts qu'elle teint parfois dans des couleurs vives et elle porte de grosses lunettes aux montures colorées. Elle vit seule avec son petit chien et entretient une relation à distance avec une autre femme noire, professeur d'histoire, qui vit dans un autre État. La relation à distance est difficile, mais elles font fonctionner la situation pour l’instant. Pour le travail, elle lit et écrit beaucoup de documents académiques, mais pour le plaisir, elle lit beaucoup de romans d'amour. Elle écrit également des fanfics sur Internet de manière anonyme et elle est très suivie. Les gens lui demandent toujours de télécharger plus de chapitres et elle ne l'admettra jamais à haute voix, mais cela booste son ego d'être aimée par tant d'étrangers. Elle vit dans une maison de ville et a une terrasse pleine de plantes avec lesquels sa petite chienne Petunia adore jouer. Le dimanche, elle adore cuisiner de la sauce Gombo qu'elle déguste sur sa terrasse avec du Placali, quelle que soit la saison. Elle adore le thé et est plutôt introvertie. Elle n'a pas beaucoup d'amies. Elle n'a que quelques copines d'un club de lecture qu'elle a rejoint pour se forcer à socialiser, mais elle est très appréciée de ses étudiants et de ses collègues professeurs. De temps en temps, elle rejoint les autres professeurs pour des activités sociales telles que des soirées karaoké ou des soirées jeux de société. Elle y prend plaisir même si sa batterie sociale s'épuise rapidement. J'espère qu'elle est heureuse dans sa vie, j'espère qu'elle est satisfaite.

Recommendation

Je vous recommande aujourd'hui le livre People's person, le deuxième roman de Candice Carty-williams. Vous avez probablement entendu parler de son premier roman, Queenie, et laissez-moi vous dire que Queenie m'a botté le cul. Je me souviens avoir été au lit en hiver 2020 en train de le lire et de pleurer parce que ce qu'elle vivait était bien trop proche de ma vie en tant que fille noire vivant en France, alors quand j'ai vu son deuxième roman sortir, j'étais un peu méfiante, il m'a fallu du temps pour finalement l'acheter et j'ai été agréablement surprise. Le livre parle d'un événement inattendu qui réunit les 5 enfants d'un père absent jamaïcain à Londres. J'ai adoré la façon dont le livre traitait des dynamiques familiales bancales et les personnages sont très attachants même si le personnage principale Dimple est réalistiquement assez agaçant. Je suis sûre que vous l’aimerez aussi.

---

My dear friend,

For good or for bad, I live a lot in my head. I see my past with rose-colored glasses, I dread the future and the present is much harder to live in. So, for a while now, I’ve been thinking, I’ve been hoping that there is several other versions of me in other alternate universes. I guess it’s yet another manifestation of the escapism that defines me.

One of these versions of me is a graphic designer with a minimalist wardrobe composed of mostly black, beige, and dark brown garments. She always wears black box braids (color 1B) that she does herself, and she loves coffee. She especially loves coffee made in those classic Italian coffee makers. She has a black cat named Okoye and they live in Berlin, more precisely in Kreuzberg, in one of those flats with high ceilings. She has a mixed-race boyfriend whose generational money makes him the owner of the flat they live in. She likes living with him. She likes the domesticity of it all. On Sunday mornings, they ride their bikes to farmer's markets, then come back home and cook delicious hearty meals together. Then they spend the rest of the afternoon lazing on the sofa, watching old movies, listening to vinyl records, and reading books in silence, the cat snoring between them. I hope she’s content, I hope she’s happy.

One lives in Brazil, in Rio de Janeiro or maybe Salvador. She teaches Afrobrazilian dances and also does theatre workshops for children of underprivileged backgrounds. Together they mix and match theatre plays from the African continent and its diaspora, to create new beautiful pieces. Lately, they’ve been working on a new version of Orpheus Negro adapted for children. She is pansexual and polyamorous. She’s currently dating multiple people of multiple genders, at the same time. She’s happy with polyamory because she has never been the jealous type nor the faithful type. She has all the love she needs in her life as she also has a strong community of very supportive black women around her. She is an Orisa devotee and wears a lot of yellow and red. She owns a lot of crochet crop tops and headwraps and long flowing skirts. She doesn’t want to be a mother one day but she loves to be the fun auntie and godmother of her friend’s children. She lives alone in a small apartment that faces the sea where she loves to lounge, read in her hammock at sundown, or do her yoga session every morning at sunrise. I hope she’s content, I hope she’s happy.

One is a DJ and a music producer who lives in Nairobi, Kenya. She has long thick locks and wears a lot of African-print kimonos. She lives in the green Kilimani neighborhood with her partner, a music producer 15 years her senior. They were friends for a long time before they fell in love. Frankly, this love came as a surprise to her but she let herself go with the wind and is now experiencing the most peaceful relationship she’s ever had. Her partner is openly bisexual, just like her, and he is a sweetheart to everyone, including animals and children. That’s what she likes the most about him. Together they produce Afro-electronic music and they tour all the best festivals in East Africa and abroad. She thinks she wants a baby soon, and when the baby comes, they will most likely move to the coast, maybe Lamu or Diani. They will get a house next to the sea with one of those typical Swahili roofs where she will meditate and stretch every twilight, with the wind of the Indian ocean slapping her face. I hope she’s content, I hope she’s happy.

The last one is a professor of African and Women studies in one of those prestigious Ivy-league US American universities. She has short hair that she sometimes dyes in bright colors and she wears big glasses with funky, colorful frames. She lives alone with her small dog and is in a long-distance relationship with another black woman history professor who lives in another state. Long distance is hard but they make it work for now. For work, she reads and writes a lot of academic documents but for fun, she reads romance books. She also writes fanfics on the internet anonymously. She has quite a big following. People on the internet are always asking her to upload more chapters and she will never admit it out loud but it boosts her ego to be l

oved by so many strangers. She lives in a townhouse and has a terrace full of plants that her small dog, Petunia loves to play with. On Sundays she loves to cook Okra stew and Placali and eat it on her terrace, no matter the season. She loves tea and is quite an introvert. She doesn’t have many friends, she just has a couple of girlfriends from a book club she joined for socialization but she is really appreciated by her students and fellow professors. Once in a while, she joins the other professors for social activities such as Karaoke night, or board games nights. She even enjoys it even though her social battery dies quickly. I hope she is content, I hope she’s happy.

Recommendation

My recommendation today is the book People’s Person, the second novel of Candice Carty-Williams. You’ve probably heard of her first novel Queenie, Now let me tell you something, Queenie kicked my arse. I remember being cozy in bed in the terrible winter of 2020 reading it and crying because what she was going through was way too close to my life as an unambiguously black girl living in France. So when I saw her second novel come out, I was a bit wary. It took me some time to finally buy it but it was such a pleasant surprise! The book is about an unexpected event that brings together the 5 children of a Jamaican deadbeat dad in London. I loved the way the book deals with weird family dynamics and the characters are very engaging even if the main character Dimple is realistically quite annoying. I loved it and I’m sure you will too.