Hey Friends!
Today, I’m sharing with you my essay titled “Say the weird thing” I wrote for the substack podcast Young & Oversharing, one of my favorite publications on this platform. It’s written by Nobuhle N Nyoni, a young woman from South Africa ; it was so nice to hear my writing narrated by someone else and someone with a South Africa accent on top of that ! What a dream what a treat.
All your life, you've been known for saying the weird thing. Your parents often narrate your childhood stories, like the time you asked a family friend why he always precisely visited at dinner time. And the time when you blurted out, “That’s true, I got my period for the first time last month,” after your uncle mentioned that you had grown and were almost a woman. You had just turned 11. Your words sent a wave of discomfort that engulfed the room full of adults at this family gathering but you couldn’t understand why that was. Until much later in life.
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Dis les choses bizarres
Salut les ami.es
Aujourd'hui, je partage avec vou mon essai intitulé « Say the weird thing » que j'ai écrit pour le podcast de Substack Young & Oversharing, l'une de mes publications préférées sur Substack, écrite par Nobuhle N Nyoni, une jeune femme d'Afrique du Sud. C'était tellement agréable d'entendre mon texte raconté par quelqu'un d'autre et avec l'accent sud-africain en plus, quelle merveille !
Je vous mets la version en français en dessous.
Ps : (Si tu lis mes articles en français laisse-moi un commentaire pour que je puisse savoir que je n’écris pas en en français dans le vide un peu, ce serait très gentil de ta part.)
Toute ta vie, tu as eu la réputation de dire des choses bizarres. Tes parents racontent souvent tes histoires d'enfance, comme la fois où tu as demandé à un ami de la famille pourquoi il venait toujours précisément à l'heure du dîner. Ou encore la fois où tu as déclaré sans ambages : « C'est vrai, j'ai eu mes règles pour la première fois le mois dernier », après que ton oncle t’ait dit que tu avais grandi et que tu étais presque devenue une femme. Tu venais d'avoir 11 ans. Tes paroles ont provoqué une vague de malaise qui a englouti le salon rempli d'adultes à cette réunion de famille, mais tu n’arrivais pas à en comprendre la raison. Tu ne l’as compris qu’une fois à l’âge adulte et tu as trouvé ça très amusant. Quelle enfant chaotique.
Tes parents ont eu de nombreuses occasions d’être embarassés par toi, mais bizarrement, ils ne t’ont jamais dit de te taire. Tu suppose qu'ils ont accepté très tôt le fait qu'ils avaient créé un enfant sans filtre. Ils pensaient probablement que cela s'améliorerait en grandissant. Ce ne fut pas le cas. Sans le savoir, tu es devenu une adulte sans filtre. Ton intention n’ etait jamais de mettre les gens mal à l'aise. Il s'agissait simplement de donner des réponses vraies et honnêtes. Ton intention était de dire les choses telles qu'elles étaient, parce que, qu’est-ce que tu etais supposée dire d’autre ?
La plupart du temps, tu ne sais pas lire les signaux sociaux. Tu es inconsciente de l'inconfort que tu créé et, lorsque ce n'est pas le cas, tu dois avouer que créer de l’inconfort chez les autres ne te déplait pas. Le plus souvent, tu sais que les gens sont trop polis et trop mal à l'aise pour te rabrouer. À quoi ressemblerait leurs réprimandes de toute façon ? « Oui, tu as raison mais tu ne devrais pas le dire ». Ce à quoi tu répondrait : « Pourquoi ? ». Ce mot auquel la plupart des gens n'ont pas de bonnes réponses.
C'est peut-être pour cela que tes parents ne t’ont jamais dit de te taire. Si tes parents t'avaient dit que tu n'aurais pas dû parler de tes premières règles à voix haute, tu aurais répondu “ pourquoi ?” et ils auraient dû aussi t'expliquer pourquoi les femmes ne parlent pas ouvertement de leurs règles. Tu leur aurais servi quelques “pourquoi” de plus qui les auraient piégés en les incitant à t’expiquer le patriarcat et ses systèmes qui fonctionnent, tant qu'ils ne sont pas remis en question. Tu vois, il est difficile de reprocher à quelqu'un de dire la vérité, alors la majeure partie de ta vie, tu es restée inconsciente du fait que ce n'était pas « normal ».
Ton esprit te ramène à l'époque où tu étais à l'université et où tu t’étais disputée avec le petit ami d’une copine. « Tu dis toujours des choses inappropriées », avait-il crié, sans que tu puisses identifier de quoi il parlait.
En grandissant, ton absence de filtre s'est transformée en bavardage et partage excessif. Probablement parce que tu projettes ton mode de communication candide sur les autres. Lorsqu'on te demandait comment tu allais par politesse, tu supposais qu’on voulait vraiment savoir comment tu allais, alors tu racontais exactement ce que tu ressentais à ce moment précis. Mais alors, les gens faisaient un geste de recul subtil suivi d’une pause et d’un léger froncement de sourcils que tu traduirais par « mais pourquoi cette meuf est bizarre comme ça ? ».
Les personnes neurodivergentes savent probablement de quoi tu parles. Tu as compris que ton niveau de franchise découle de ta neurodiversité. Voilà qui est enfin expliqué ! Bien sûr, tu comprends que les êtres humains ont besoin d'un niveau « sain » de fausseté pour coexister dans la société, mais tu sais aussi les efforts gargantuesques qu’il te faut fournir pour faire la même chose.
Tu reconnais que ton incapacité à mentir est l’une des raison pour laquelle tes relations, qu'elles soient platoniques, romantiques ou professionnelles, sont si difficiles à maintenir. Surtout les relations professionnelles, car sous le capitalisme, le travail c’est les jeux olympiques des hypocrites. Seuls les meilleurs gagnent.
D'un autre côté, tu sais que certaines personnes trouvent ce trait de caractère attachant et rafraîchissant, alors que d'autres le trouvent agaçant, repoussant et grossier. Tu comprends enfin que les gens comme toi ne sont pas fait pour tout le monde, mais qu’ils restent utiles et nécessaires.
Un bon exemple pour illustrer cela est la fois où tu t’es retrouvée dans un bar avec deux femmes plus âgées que tu avais rencontré lors d'un concert en plein air cet été. Tu as vu le rejet initial familier sur leurs visages lorsque tu as dit : « Faire de longues études est un privilège, pas un fardeau ». Et lorsque tu as ajouté plus tard dans la conversation : « La plupart des gens stigmatisent les addictions aux drogues parce qu'ils pensent qu'ils sont trop bons pour tomber dedans, mais personne n'en est vraiment à l'abri. » Malgré leurs réactions initiales, les deux femmes se sont détendues au fur et à mesure qu'elles t’imitaient en partageant leur expérience avec d'anciens partenaires, vivant avec des maladies mentales et des addictions. Au final, elles étaient heureuses de s'ouvrir à toi, une étrangère, sur des sujets aussi difficiles.
Cette expérience a confirmé ce que tu as toujours su. Les gens peuvent être rebutés par ton type de personnalité de prime abord, parce qu'ils n’y sont pas habitués, mais ils sont en même temps impressionnés car ils ont soif de vérité et d'honnêteté. Alors oui chéri.e, tu ferais aussi bien de continuer à dire les choses bizarres. Tu ne peux pas t'en empêcher de toute façon !
Merci d’écrire en français!