Salut les gos, salut les gays !
Ces jours-ci, j'ai envie d'envoyer une newsletter tous les 3 jours parce que seuls la lecture et l'écriture me permettent de me sentir bien. Même pour quelques instants. J'ai commencé cette newsletter avec l'intention d'envoyer un nouvel article chaque semaine mais j'ai vite réalisé que je n'avais pas cette endurance. Une fois par mois est devenu mon rythme de croisière idéal. Je vais maintenant essayer de l'envoyer à nouveau une fois par semaine pendant quelques temps. Ce sera surement des écrits moins longs puisque qu’à chaque fois que je me pose devant mon ordinateur pour écrire, je suis persuadée que je vais écrire 300 mots mais il faut croire que je suis une pipellette aussi à l’écrit parce qu’au final je me retrouve toujours avec 3000 mots. Substack a même suspendu mon compte pendant une semaine parce que mon dernier article sur le salon du livre était trop long, il a été considéré comme un spam. Donc on va expérimenter avec la longueur, la forme et le contenu. Je propose qu’on appelle ça le « Thoughts & Feelings spécial saison des mangues ». Si la saison des mangues n'existe pas chez toi, tu peux la remplacer par l'été, les vacances scolaires ou n'importe quelle autre saison. On verra bien si ça fonctionne.
Et sans plus tarder, voici la lettre de la semaine.
(Collage by moi : pastel, paper, pencils)
Ma chère amie,
Ma tarologue m'a dit : plus de nouvelles amies. D'accord, elle ne m’a pas dit ça comme ça. Je vais te raconter ce qui s'est passé. Dernièrement, je marche dans la vallée de l'ombre de la mort et je voulais savoir combien de temps j'allais rester dans cette vallée parce que franchement mes pieds sont fatigués, j'ai trop chaud, je suis déshydratée, j'ai des crises d'angoisse à 3 heures du matin et je ne vois pas d'oasis à l'horizon. En fait, je pense que je commence à voir des choses qui n'existent pas et je suis sur le point de m'évanouir. Au début de l'année, je savais que ce serait une année spéciale, je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit spéciale ✱ comme ça✱. La vie se moque souvent de nous, hein ?
J'ai l'habitude de faire un tirage de tarot en début d'année ; on est seulement début juin mais cette année me met à l'épreuve, alors j'ai eu envie de faire un tirage en milieu d'année.
Ma tarologue c’est Dayana, une amie afro-cubaine que j'ai rencontrée lorsque j'écrivais pour un magazine en ligne féministe espagnol appelé Proyecto Kahlo. Ce sont mes écrits qui nous ont réuni et je pense trouve ça assez beau. Écoute, ma copine Dayana est une femme pleine d’Ase de la pointe de son Afro jusqu'au bout des ongles. Elle est aussi écrivaine, poète et peintre, et elle porte un gros afro ou des tresses bleues parfois. Elle a été initiée à la Santeria cubaine, c'est une fille d’Osun et la définition littérale de la Black Girl Magic. J'ai même donné son nom à l'art-thérapeute dans mon livre parce que c’était tellement approprié. Si tu parles espagnol, va écouter son podcast Hija de Lucero Mundo et si après ça tu veux son contact pour une lecture, fais-moi signe et je te donnerai son contact.
Je me suis récemment découvert un amour pour le tarot et d'autres types de divination. En tant qu'Africaine passionnée par les spiritualités africaines, je les trouve fascinantes. Je demande une divination de début d'année depuis maintenant 4 ans parce que je pense que c'est une bonne façon de commencer l'année. Quand ça me convient, j'y crois, quand ça ne me convient pas, je n'y crois pas et ça me plaît comme ça. Comme l'a dit une initiée Isese que je suis sur instagram : « la spiritualité est un outil, utilisez l'outil, ne laissez pas l'outil vous utiliser ». Si je veux être honnête, j'admettrais qu’en février, j'ai souvent déjà oublié ce qui a été dit exactement pendant la lecture de janvier. Mais je pense même à apprendre à lire les cartes de Tarot moi-même puisque j'ai le temps ces derniers temps, peut-être que cela me distraira de mes ruminations mentales.
Pendant notre lecture de mi-année, Dayana m'a dit quelque chose que je savais déjà : rien ne dure éternellement. Après m'avoir dit d’autres choses sur mes admirateurs masculins dont j'avais déjà l'intuition, elle m'a aussi dit que je devrais arrêter d'essayer de m’efforcer à me faire de nouveaux amis. J'ai ri de cette précision car au début de l'année, après le premier tirage de tarot, j'avais précisément pris la décision consciente d'arrêter de faire des efforts pour me faire de nouveaux amis et d'apprécier davantage le peu d’amis que j'avais déjà. Tu sais, les amitiés ont toujours été les relations les plus importantes dans ma vie parce que je ne me suis jamais entendue avec mes sœurs, je ne suis pas une personne très famille-famille et je n'ai jamais été dans une relation romantique sérieuse. Mais en ce qui concerne les amitiés, l'âge adulte n'est tout simplement pas favorable à cet aspect. Lorsque j'étais plus jeune, j'entendais souvent parler de la difficulté de se faire des amis à l'âge adulte et je pensais que cela ne m'arriverait pas parce que je suis de nature extravertie. Eh bien, extravertie ou non, pour se faire des amis, il faut que les gens aient envie d'être vos amis, ça ne peut être une voie à sens unique. J'avais pas pensé à cette partie. Quelle idiote je suis.
Lorsque j'ai emménagé à Babi, j'ai tendu une main amicale à de nombreuses personnes que j'avais rencontrées auparavant, pendant mes vacances ou avec qui j'avais interagi sur les médias sociaux et qui vivaient ici. Cette expérience m'a appris que certaines personnes sont effrayées lorsque vous appliquez la stratégie qu’on utilisait tous au jardin d'enfants consistant à demander aux gens « tu veux être mon copain/ ma copine ? “ ou ” tu veux jouer avec moi ? “, ce qui se traduirait par ” tu veux traîner avec moi ? “ ou ” tu veux qu’on aille boire un thé un de ces jour ? » dans le jargon des adultes. Lorsque le destinataire de mon intérêt était un homme - c'était rare mais c’est arrivé - j'ai remarqué qu'ils pensaient souvent que je les draguais et que même s’ils étaient intéressés de prime abord, il reculait par crainte que leurs petites amies n'apprécient pas, je suppose. On ne peut pas leur en vouloir. Tromper ouvertement est une spécialité ivoirienne et les femmes hétérosexuelles sont un peu folles dans cette ville à cause de ça. Pauvres chéries.
En résumé, peu de gens ont tendu une main amicale en retour. Certaines personnes acceptaient de sortir, plusieurs fois même, mais ne rendaient jamais l'invitation. Elles disparaissaient lorsque je cessais de leur tendre la main. Ce qui m’a fait me demander si elle se sentaient obligées de passer du temps avec moi au départ ? Ce qui est triste, c'est que je suis presque sûre qu’elles n'ont même pas remarqué que j'avais cessé de leur tendre la main. Lorsque je me suis plainte de cet état de fait pour la première fois, mes cousines m'ont dit que la plupart des habitants de cette ville se sont fait des amis au lycée et au collège; ils s'en tiennent à leur groupe d'amis et à leur famille parce que beaucoup de gens ont de mauvaises intentions ici et que c'est ainsi qu'ils se protègent. Au début, j'ai pensé que c’était de ces trucs qui découlaient de la mentalité coloniale , parce que comment toute la ville pouvait-elle avoir de mauvaises intentions ? Cela m'a rappelé toutes ces histoires de sorcellerie. Tout le monde est sorcier et tout le monde a peur des sorciers. Mais quelques années plus tard, j'ai réalisé qu'en effet, il y avait un peu de vrai dans le discours de mes cousines . Je justifierais cela par deux choses : le manque d'opportunités et l'ennui. Quoi qu'il en soit, la conséquence de cette méfiance générale est que les gens n'accueillent pas de nouvelles personnes dans leurs cercles. Ils acceptent de sortir avec toi individuellement mais ne t’invite jamais à sortir avec eux et leurs groupes d'amis. De plus, mon idée culturelle française de ce qu'est un ami et de ce que font les amis ensemble ne correspond pas forcément au concept ivoirien d'amis.
Souvent, je pensais avoir trouvé un nouvelle amie et j'ai été déçue. Ce qui m'a fait comprendre que mes problèmes d'attachement anxieux ne se limitaient pas au domaine romantique d’ailleurs. Il y a aussi eu cette fois, il y a presque deux ans de cela, où j'ai rencontré un groupe de femmes expatriées d'autres pays africains, lors d'une excursion à la plage à laquelle ma psy m'avait encouragée à aller, même toute seule. Nous nous sommes vues régulièrement pendant six mois environ : excursions dans les villes balnéaires des alentours, rooftops et bars d'hôtels, cocktails, karaoké, dîners et ainsi de suite. J'étais ravie car je pensais avoir enfin rencontré mon nouveau groupe d'amies. Même s'il s'agissait de mon pays d'origine, j'étais dans la position d'une personne nouvellement arrivée à Babi, qui avait aussi besoin de compagnie après tout. Tout ça s'est arrêté lorsque l'une de ces femmes a menti sur sa situation de violence domestique pour que je lui laisse mon appartement pendant que j'étais en France pour six mois, pour des raisons médicales. Il s'est avéré qu'elle avait également menti sur ses moyens financiers, car elle a fini par vouloir partir, n'ayant plus les moyens de payer le loyer. Le problème, c'est que j'étais encore à l'étranger et que nous avions un contrat verbal. Je lui ai donc demandé de me trouver un nouveau locataire pour le reste de la durée du contrat, ce qu'elle a refusé de faire. Pour faire court, elle est restée jusqu'à la fin de notre accord parce que je l'ai menacée de lui botter les fesses une fois de retour à Abidjan. J'ai d'abord essayé d'être compréhensive, mais j'ai fini par en avoir marre de ses conneries. Il y a une podcaster brésilienne que j'adore qui dit toujours « le remède pour une personne folle est une autre personne folle à sa porte ». Elle a tout à fait raison et je vis selon cette devise. Tout le monde a fini par découvrir que cette femme organisait de petites escroqueries ici et là auprès des membres du groupe, tout en mentant sur la réalité de sa situation de violence domestique afin d'attirer la sympathie. Elle a fini par bloquer tout le monde et a quitté le pays avant mon retour, la queue entre les jambes. Être une manipulatrice médiocre c’est vraiment une tragédie.
De mon côté, je pense que ce qui m'a le plus blessée, c'est le fait que les autres femmes du groupe n'ont rien dit et n'ont rien fait. L'une d'entre elles m'a même dit qu'elle ne voulait pas que je me plaigne auprès d'elle des problèmes entre moi et l'escroc, alors que c'est elle qui avait encouragé cet escroc à quitter son appartement pour s'installer dans le mien. Je n'ai reçu aucune sympathie, personne ne m'a même envoyé un message pour savoir comment je faisais face à la menace de perdre mon appartement chéri, en plus de mes problèmes de santé. Mais je les voyais sur les réseaux sociaux, riant et buvant des verres ensemble sur les toits d'Abidjan. Cette histoire m'a appris à ne plus accorder aux femmes le bénéfice du doute. Quant aux autres femmes du groupe, peut-être que j'ai eu tort de m'attendre à une quelconque loyauté. Lorsqu'il s'agit d'amitiés, la loyauté prime sur tout le reste. Je pense que c'est la raison pour laquelle moi Vierge, je m'entend si bien avec les personnes du signe du Taureau. Ma psy me dit souvent que je dois cesser de m'attendre par défait à ce que les gens fassent pour moi ce que moi je ferais pour eux . J'ai appris à mes dépens qu'il s'agit d'une hypothèse erronée.
En fin de compte, je suis convaincue qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas dans les relations humaines. Je ne sais pas si c'est parce que je suis neurodivergente, mais qu'il s'agisse d'amitiés, de relations amoureuses, de relations entre frères et sœurs ou même de relations parentales, j'ai le sentiment tenace qu'il y a une chose simple à leur sujet que je ne comprends toujours pas et que cette chose est la raison pour laquelle tous les autres s'en sortent relativement bien à cet égard, sauf moi. J'observe les relations des autres et je me demande comment ça fonctionne. Je pense qu'un jour j'aurai la révélation, je comprendrai ce qu'est cette chose, mais je serais probablement vieille et ça ne servira plus à rien.
Mais il n'en a pas toujours été ainsi : comme tout le monde, je me suis fait des amies à l'école et à l'université. Je pense beaucoup à mes amitiés de l'adolescence et du début de l'âge adulte. Récemment, je me suis demandé pourquoi ces personnes étaient encore si présentes dans mon esprit, alors que le nombre d'années que nous avons passées ensemble se compte sur les doigts d'une main. Je pense que c'est parce que c’etait nos années formatrices, les années qui ont fait de nous les adultes que nous sommes aujourd'hui. Les années où nous avons le plus évolué en un minimum de temps. Les années où tant de choses se sont produites en même temps. Les années où on passait la plupart de nos journées ensemble. Du lundi au vendredi, de 8 heures à 17 heures, parfois même le week-end. Et si, comme moi, votre adolescence et le début de votre vie d'adulte ont été les meilleures années de votre vie, votre cerveau vous ramène souvent à cette époque pour vous apaiser lorsque la solitude frappe à votre porte. Par conséquent, les souvenirs que vous avez partagés avec ces personnes sont très forts, même si vous n'avez passé que quelques années avec elles. Mes amies de l'adolescence et du début de l'âge adulte sont si différentes aujourd'hui, et moi aussi. On se suit parfois sur les réseaux sociaux mais je doute que je m'entendrais avec la plupart d'entre elles aujourd'hui, même si je suis restée proche de quelques unes d’entre elles. Je sais que le passé est un endroit qu’on peut revisiter, mais on ne trouvera plus personne là-bas. Pourtant, ces amitiés me manquent. Les choses étaient tellement plus simples à l'époque.
Lorsque je suis entrée dans la « vraie » vie adulte, ma formule extravertie habituelle a cessé de fonctionner. ¨Peut-être parce que, pour moi, cette vraie vie adulte est venue accompagnée de maladies, handicaps, douleurs chroniques, instabilité mentale et d'un isolement forcé qui n'aide pas à se créer un cercle naturellement. J'ai dû faire des efforts supplémentaires et ces efforts n'ont pas été réciproques. Peut-être parce que ce n'était plus la priorité des gens de se faire des amies. Les femmes hétérosexuelles dans la moitié et la fin de leur vingtaine ont tendance à se concentrer sur les hommes, à avoir des relations avec eux, à se mettre en couple avec eux, se marier, etc. Les amies femmes ne sont pas leur priorité, elles sont prise pour acquises. Je pense parfois à cette nouvelle « amie » que je m'étais faite dans les cercles activistes noirs et queer de Paris, qui a insisté pour amener son nouveau chéri à notre soirée entre filles qui avait lieu chez moi. Elle a ensuite eu l'audace de m'accuser d'avoir essayé de le séduire, alors que je ne voulais même pas qu'il vienne chez moi à la base. Quand j’y pense, j’ai connu trop de femmes bisexuelles qui vendraient leurs deux reins pour un homme. En voilà une autre tragédie. Toute ma vie j'avais entendu parler des amies méchantes et du mythe des amies secrètement jalouses les unes des autres, mais jusqu'alors, j'avais considéré que c’etait encore le patriarcat qui essayait de monter les femmes les unes contre les autres. J’ai toujours eu 99 % d'amies filles et je n'avais jamais connu ça. J'étais sidérée par son message reçu le lendemain de notre soirée. Je lui ai rappelé que c'était elle qui avait insisté pour amener son vieux type chez moi et que je lui avait accorder de l'attention parce qu'il était un invité (forcé) dans ma maison. Ma mère m’a bien élevée. Ensuite, je lui ai dit de régler son manque de confiance en elle et je l'ai rapidement bloquée. Laisse-moi te dire une chose, avec moi ? Tout le monde peut finir bloqué. En général, je bloque les gens très rapidement. J'étais fière de ma capacité à bloquer des amis proches et des petits amis potentiels et à passer à autre chose. J'oubliais même leur nom au bout de trois jours ouvrables. Je dis souvent que je peux ignorer quelqu'un si bien qu'il douterait même de sa propre existence en ma présence. Je réalise maintenant que c'est le type de guérilla psychologique que j'ai appris en grandissant dans un foyer conflictuel. J'ai même essayé de bloquer ma famille à plusieurs reprises, mais j'ai fini par les débloquer. Je suppose que je suis coincé avec ma famille pour toujours. Soupirs
Ces derniers temps, j'essaie de changer. J'essaie de faire savoir aux gens pourquoi ils m’ont énervé avant de les bloquer. J'ai réalisé que les vrais amis sont rares et précieux. C’est ça évouluer ? si c’est ça applaudissez moi, s'il vous plaît. Parce que c’est pas facile pour moi. Les deux dernières fois que j'ai fait ça, les deux personnes en question se sont excusées et je suis heureuse de ne pas avoir eu à les bloquer parce que je les aime bien quand même. J'étais fière de l'amélioration de mes compétences en matière de résolution des conflits, mais au moment où j'écris ces lignes, je viens de bloquer une autre personne et je ne regrette pas. Je pense que ce dont j'ai besoin, c'est de ce que les chrétiens africains appellent « le don de discernement ». Tout le monde ne mérite pas d'être bloqué, mais tout le monde ne mérite pas non plus de rester dans ma vie. Je vais ajouter « obtenir le discernement et la sagesse de faire la différence » à ma liste de prière. Honnêtement, à ce stade, je suis tellement habituée à perdre des gens que je réalise qu'en bloquant certaines personnes qui ne le méritent pas, je fait de l'abandon et de la solitude une prophétie qui s'accomplit d'elle-même.
Au moins, je pensais que j'aurais toujours ma meilleure amie avec moi, mais il s'est avéré que cette personne m'a abandonnée pendant le premier confinement, juste après qu'elle soit entrée dans sa première relation sérieuse. On ne connaît jamais vraiment les gens, n'est-ce pas ? Elle était probablement fatiguée d'être mon principal soutien pendant cinq années de dépression sévère, de douleurs chroniques épouvantables et d'errance médicale. Je ne peux pas lui en vouloir, même si ça a été le plus grosse peine de coeur de ma vie jusqu'à présent. D'ailleurs, il est temps qu’on commence à considérer les ruptures d'amitié comme de vraies ruptures, car douze années entières d'amitié disparaissant en quelques mois, ce n'est pas quelque chose que l'on peut balayer du revers de la main. Cette rupture amicale ainsi que d'autres ruptures survenues à la même période ont ancré en moi le biais cognitif selon lequel les gens me rendent service en me côtoyant. J'ai dit à ma mère que je donnais à mon ex-meilleur ami entre 3 et 5 ans pour revenir vers moi avec une explication quelconque, mais ce sera déjà trop tard. Après la date qui marquera ces 5 ans, je compte mon rituel de coupure de cordon et me débarrasser émotionnellement et spirituellement de cette personne dont je pensais qu'elle ferait partie de ma vie pour toujours.
En conclusion, sur ce point, le jeu de tarot et moi-même sommes entièrement d'accord : plus de nouveaux amis. Pour être clair, je ne suis pas opposé à l'idée de me faire de nouveaux amis. Même si je n'aime pas beaucoup les gens en général, j'ai suis toujours à la recherche de vraies connexions. Je sais que je suis une personne intense, je ne suis pas au goût tout le monde et tout le monde n'est pas à mon goût. Pour être honnête, je suis une juge assez sévère en ce qui concerne les personnalités des autres et la plupart des gens me déplaisent, alors quand ces liens se créent, ils sont extraordinaires. Ce dont je suis fatiguée, c'est d'avoir toujours l'impression de faire la manche lorsque je rencontre de nouvelles personnes que j'aimerais mieux connaître. (Sérieusement, pourquoi les gens sont tellement effrayés quand tu leur montres directement ton intérêt ? est-ce qu'une jolie nana comme moi à l'air de manger les gens au petit déjeuner ?). D’accord, je suis bizarre et spéciale, et chaotique, et super intelligente et exceptionnelle, et aimante et attentionnée, et si les gens ne sont pas intéressés par tout cela, c'est leur choix. Tu peux être la mangue la plus juteuse de l'histoire des mangues, tu rencontreras toujours des gens qui n'aiment pas les mangues. Je vais donc attendre tranquillement dans mon coin celles et ceux qui aiment les mangues. Que celles et ceux qui sont capables de me voir me voient.
Recommandations
Pour rester sur le sujet de l’amitié féminine, cette semaine je te recommande non pas une mais deux séries qui montrent des groupes d’amies femmes bien girl power comme il faut.
La première c’est : We Are Ladyparts. Une série sur un groupe punk britannique composée de femmes musulmanes. La première saison est sortie à l'été 2021 et je l’ai regardé pendant mon pèlerinage balnéaire annuel à Marseille, juste avant de déménager à Babi. C'est le genre de série pour laquelle on n'espère pas de saison 2 parce que un peu une niche, mais la deuxième saison est sortie il y a quelques jours. Al hamdoulilah ! J’adore cette série et toi aussi tu vas l’aimer, j’en suis persuadée.
La deuxième série c’est Betty, une série qui se déroule à New York, et qui suit un groupe de filles qui font du skateboard. C’est une autre série niche pour laquelle je n’attendais pas de saison 2 mais il y ‘en a eu une aussi. Après la saison, mais la série a été annulée mais deux saisons c’est déjà plus que ce que j’espérais alors je ne m’en plaint pas.
Hello girls and gays!
These days, I feel like sending out a newsletter every 3 days because only reading and writing make me feel good lately. Even for a few moments. I started this newsletter with the intention of sending out a new piece every week, but I soon realized that I didn't have that kind of writing stamina. Once a month has become my ideal cruising speed. I'm now going to try sending it out once a week again for a few weeks. It'll probably be shorter, because every time I sit down at my computer to write, I'm convinced I'm going to write 300 words, but I guess I'm a yapper in writing too, because in the end I always end up with 3000 or more words. So we're going to experiment with length, form and content. I suggest we call it the “Thoughts & Feelings mango season special”. If mango season doesn't exist where you live, you can replace it with summer season, school holidays season or any other season. Let’s see if it works, shall we ?
And without further ado, here's this week's letter.
My dear friend,
My tarot reader said : no more new friends. Okay, she didn’t say it like that. Let me tell you what happened. Lately, I’ve been walking through the valley of the shadow of death and I wanted to know how long I was going to be in this valley because frankly my feet are tired, I’m overheating, I’m dehydrated, I’m having anxiety attacks at 3 am and I don’t see any oasis in the horizon. As a matter of fact, I think I’m starting to see things that don’t exist and I’m about to pass out. At the beginning of the year, I knew this was going to be a special year, I didn’t expect it to be special ✱like that✱. Life has jokes uh?
I usually get tarot reading at the beginning of the year; we’re only in June but this year is trying me, so I’ve been feeling like getting a mid-year reading. My tarot reader is Dayana, an Afro cuban friend I made when I was writing for a spanish feminist online magazine called Proyecto Kahlo. Good old times. We were brought together precisely by my writing and I think it’s kind of beautiful. Listen, my girl Dayana is a soulful woman through and through. She’s also a writer, poet and painter and she has a big afro or blue box braids sometimes. She has been initiated in Cuban Santeria, she’s an Osun baby and the literal definition of Black girl magic. I even gave her name to the art-therapist in my book because it was so fitting. If you speak Spanish, check her podcast Hija de Lucero Mundo and if you want her contact for a reading, let me know I vouch for Dayana, always.
I’ve recently found a love for tarot and other types of divination. As an African woman into African spiritualities, I find them fascinating. I’ve been doing beginning-of-the-year divination for the past 3 years now, because I think it’s a nice way to start the year. When it suits me I believe in it, when it doesn’t suit me, I don’t believe in it and I like it like that. As an Isese initiate I follow on Instagram once said “Spirituality is a tool, use the tool, don’t let the tool use you”. If I want to be honest I would admit that by February, I have already forgotten what was said exactly during the January reading. I’m even thinking of learning to read Tarot cards myself since I have time lately, maybe it would distract me from my mental ruminations.
During our midterm reading of the year, Dayana told me something I already knew : nothing lasts forever. After telling me things about my male admirers I already had the intuition of, she also told me I should stop trying so hard to make friends. I laughed at the accuracy because at the beginning of the year, after the first tarot reading, I had precisely made the conscious decision to stop trying so hard to make new friends and to value more the very few friends I already have. You see, friendships have always been the most important relationships in my life because I never got along with my siblings, I’m not a family person and I have never been in a serious romantic relationship. But as I mentioned in my past writing, adulthood is just not giving in that aspect. When I was younger I frequently heard about the difficulties of making friends as an adult and I thought it would not happen to me because I am an extrovert. Well, extrovert or not, in order to make friends, people need to want to be your friend, It cannot be a one-way road. I had not thought of that part. Silly me.
When I first moved to Babi, I stretched my friendly hand to many people I had met before, during my holidays or people I interacted with on social media that lived here. This experience taught me that some people feel scared when you apply the kindergarten strategy of asking people “ do you want to be my friend ?” or “ do you want to play ?” which can be translated to “do you want to hang out with me “? or “do you want to get some tea some time ?” in adult lingo. When the recipient of my interest was male -rare but it happened-I noticed that they often thought I was hitting on them and backed down. Out of fear their girlfriends wouldn’t like it I suppose. I can’t blame them. Cheating openly is an Ivorian specialty and heterosexual women are kind of unhinged in this town because of this. Poor dears.
In summary, not many people extended their friendly hands in return. Some people would accept to hang out, several times even, but they would never return the invitation. They would even disappear if I stopped reaching out. Which left me to wonder if they felt forced to hang out in the first place ? Weird. What's sad is I am pretty sure they didn’t even notice I have stopped reaching out. When I first complained about that, my cousins told me that most people in this city made their friends in high school and stick to their group of friends and their family because a lot of people have bad intentions so that’s how people protect themselves. At first I thought it stemmed from colonial mentality, how can the whole town have bad intentions ? It reminded me of all those claims of Juju and witchcraft. Everyone is a witch and everyone is afraid of witchcraft. What a conundrum. Now I have been here a few years, I realized that indeed, they were kind of right. I would justify it by two things : lack of opportunities and boredom but I might develop this theory in another piece. Still, the consequence of this general mistrust is the fact that people are not welcoming of new people in their circles. They would accept to hang out with you individually but never invite you to hang out with them and their groups of friends. Besides, my French cultural idea of what is a friend and what friends doesn’t necessarily correspond to the Ivorian concept of friends. So there’s that.
Many times, I thought I had found a new friend and ended up being disappointed. Which made me realize that my anxious attachment issues weren’t just in the romantic realm. There was also this time almost two years ago, when I met a group of expatriate women from other African countries at a day trip my therapist had encouraged me to go alone. We hung out regularly for a good six months. Day trips, rooftops and hotel bars ; cocktails, karaoké, dinners and so forth and so on. I was elated because I thought I had finally met my new group of friends. And some of them had young kids. I love kids. Even if i was in my country of birth, I was also in the position of a newly arrived person in Babi. I was also in need of company . It all came to a halt when one of those women lied about her domestic violence situation to make me let her take over my apartment while I was in France for six months, for medical reasons. As it turned out, she had also lied about her financial means because she ended up wanting to leave, as she couldn’t afford the rent anymore. The problem was I was still abroad and we had a verbal agreement so I asked her to find me a new tenant for the rest of the agreement’s duration, which she refused to do. Long story short,she stayed until the end of our agreement because I threatened to beat her ass once I was back in Abidjan. I had tried to be understanding first but I ended up sick tired of her bullshit. There’s a Brazilian podcaster I love that always says “ the cure for a mad person is another mad person at their door”. She’s absolutely correct and I live by this motto. Everyone eventually discovered that this woman was running little scams here and there on the group members all the while lying about the reality of her domestic violence situation to attract sympathy. The last thing I heard is she ended up blocking everyone and leaving the country before I got back, with her tail between her legs. To be a mediocre manipulator is such a tragedy.
On my end, I think what hurt me the most was the fact that the other women of the group said nothing and did nothing. One even told me she didn’t want me to complain to her about the issues between me and the grifter when she had been the one who encouraged that grifter to leave her apartment to stay at mine. I did not receive any sympathy, nobody even texted me to see how I was coping with the threat of losing my beloved apartment, on top of my health issues. But I could see them on social media all laughing and having drinks together on Abidjan’s rooftops. This story taught me not to give women the benefit of the doubt anymore. As for the rest of the women of the group, I guess I was wrong to expect some loyalty. When it comes to friendships I value loyalty above everything else, I think this is why my Virgo self gets along with Tauruses so well. My therapist often tells me I have to stop expecting myself out of people because my default is to think people would do for me, what I would do for them. I learned the hard way that it’s a wrong assumption.
Ultimately, I'm convinced there's something I don’t understand about human relationships. I don’t know if it’s because I’m neurodivergent but whether it’s friendships, romantic partnerships, sibling relationships, or even parental relationships, I have the nagging feeling that there is one simple thing about them that I still don’t understand and that thing is the reason why everybody else is doing relatively well in those aspects, expect me. I watch other people’s relationships and wonder how it works. I think that one day I will have the epiphany, and I will understand what that thing is but then I’d probably be old so it would be useless at that point.
It wasn’t always like this though, like everyone else, I made friends in school and at uni. I think a lot about my teenage and early adulthood friendships. Recently, I’ve asked myself why those people are still so acutely in my mind when the number of years we spent together can be counted on 1 hand only. I believe it’s because those were formative years, the years that turned us into the adults we are now. The years we evolved the most in the shortest amount of time. The years so many things used to happen all the time. They’re also the years we used to spend the majority of our days together. Monday to Friday, 8 am to 5 pm, sometimes even the weekend. And if like me your teenage and early adulthood years were the best years of your life, your brain often takes you back to those times to soothe you when loneliness knocks at your door. Therefore, the memories you shared with those people are very strong, despite the fact that you actually spent very few years with them. My teenage and early adulthood friends are so different now and so I am. I doubt I’d get along with most of them now even if I’m still close to a few of them. I know the past is a place you can revisit, but nobody will be there anymore. Still, I miss those friendships. Things were so much simpler back then.
When I entered ‘real’ adulthood my usual extroverted formula stopped working, maybe because for me real adulthood came with illnesses, disability, chronic pains, mental instability, and forced isolation which doesn’t help in creating an organic circle. I had to make extra efforts and those efforts were barely reciprocated. Maybe because it wasn’t in people’s priority to make friends anymore. Hetero women in their mid to late twenties tend to focus on men, getting in relationships with men, finding a man, getting married etc. Their other women friends aren’t their priority, they’re taken for granted. I sometimes think of this new “friend” I had made in Paris's black queer activist circle, who insisted on bringing her new man to our girls' night at my place. She then dared to accuse me of trying to seduce the man, when I didn’t even want him in my house in the first place. Talk about another bisexual girl suffering from boy craziness. Yet another tragedy. I had heard about mean girls and frenemies and the myth of female friends being secretly jealous of each other but until then I had written it all off as the patriarchy trying to pin women against each other. I had had 99% of female friends my whole life, and it had never been my experience. You can imagine them how flabbergasted I was. I reminded her that she was the one who insisted on bringing her beau to my house and I was giving him attention because he was a (forced) guest in my house. My mother raised me well even if she doesn’t think so. I then told that “friend” to to fix her lack of self-esteem and then blocked her swiftly. Let me tell you something, with me? Everyone can catch a block. I block people very quickly in general. I used to pride myself on my capacity to block close friends and potential boyfriends and move on. I would even forget their names in 3 business days. I often say that I can ignore someone so well, to the point that they would even doubt their own existence in my presence. I realize now it’s the type of psychological warfare I learned by growing up in a very conflictive household. I even tried to block my family several times but I ended up unblocking them eventually. I guess I’m stuck with my family forever. Sigh
These days I’m trying to change though. I try to let people know why they got me fucked up before I block them. I realized that real friends are rare and precious. Isn’t that growth ? Clap for me, please, because it is not easy. The last two times I did that, the two people apologized and I’m happy I didn’t have to block them because I actually like them. I was proud of the improvement of my conflict resolution skills but as I’m writing these lines, I just blocked another person and I don’t regret it. I guess what I need is what African Christians call “the gift of discernment”. Not everyone deserves to be blocked but not everyone deserves to stay in my life either. I’m going to add “getting the gift of discernment and the wisdom to know the difference” to my prayer points. Honestly, at this point, I’m so used to losing people and being abandoned by them, I realize that by blocking some people who didn't deserve it, I made being abandoned a self-fulfilling prophecy. Isn’t that another tragedy?
At least, I thought I would always have my best friend with me but as it turned out that person ghosted me during the first lockdown, right after she got into her first serious relationship. You never really know people do you? She was probably tired of being my main support system during the years of severe depression, dreadful chronic pains, and medical errantry. I can’t blame her even if this has been the biggest heartbreak of my life so far. By the way, it’s time we start seeing friendship breakups as real breakups because twelve whole years of friendship disappearing in a couple of months is not something one can brush under the carpet. This friendship breakup as well as other losses that happened around the same period ingrained in me the cognitive bias according to which people are doing me a favor by being around me. I told my mother I would give that ex-best friend between 3 and 5 years to come to me with some type of explanation but my ship would have already sailed. I am waiting for the 5-year mark to do my cord-cutting ritual to emotionally and spiritually let go of that person I thought would be in my life forever.
So on this one, the tarot deck and myself are in full agreement : no more new friends. To be clear, I am not against the idea of making new friends. I still crave real connections. I know I am an intense person, I am not for everyone, and not everyone is for me. To be honest, I’m quite the harsh judge of character and I don’t like many people on the go, so when those connections happen, they’re amazing. What I am tired of is always feeling like the begging part when I meet new people I’m interested in knowing better. (Seriously, why are people so scared when you show them your interest straightforwardly? Does a babygirl like me look like she eats people for breakfast ?). Okay, I am odd and special and weird and chaotic, smart and knowledgeable AF and exceptional and loving and caring and if people aren’t interested in all that, it’s their choice. You can be the juiciest mango in the history of mangoes and you will still meet people who dislike mangoes. So I will wait quietly on my corner for those who like mangoes. Let those capable of seeing me, see me.
Recommendations
Staying on the topic of female friendships, this week I'd like to recommend not one, but two series featuring groups of badass female friends.
The first is We Are Ladyparts. A series about a British punk band made up of Muslim women. The first season came out in summer 2021 and I watched it during my annual seaside pilgrimage to Marseille, just before moving to Babi. It's the kind of series for which you don't have any hope of a season 2 because it's a bit of a niche, but the second season came out a few days ago. Alhamdulilah! I love this series and I'm sure you will too.
The second series is Betty, a series set in New York, which follows a group of girls who skateboard. The way they dress is also very cool and I loved every single one of their outfits. Special thought to the girl with the nipple pasties, I would be this girl in a girls group ^^ Kudos to the person who did the styling on this one. It's another niche of a series for which I wasn't expecting a season 2, but there was one too. The series was canceled after season 2 but two seasons is already more than I expected, so I'm not complaining.
Ugh, I hate how difficult making friends is as an adult. Similarly for me, my friendships from my teenage years were some of my best friendships. Luckily, I’m still really close with some of them. I'm so sorry about all you've gone through and about your friendship breakup too. That must have been–and still be–really difficult. I'm also in support of viewing friendship breakups as real breakups too. Imagine losing someone you’ve laughed and cried and done life with for over a decade? (When You Were Everything by Ashley Woodfolk is a book on the topic of friendship breakups, btw). I also believe we should be more straightforward when we want to be friends with someone. I remember a guy who told me girls were weird for directly telling other girls they wanted to be friends with them. Personally, I find it really cool. I’ve been on both sides of that conversation and they went well. And remember that they are other women out there who also value friendships and don't put them beneath romantic relationships. I hope you find your people who appreciate all of your beautiful multifaceted amazingness. Also, I’ve been wanting to watch We Are Lady Parts for so long, this is my sign (have you seen the movie Polite Society? It’s the debut film of the creator of We Are Lady Parts) and I’d love to check out Betty, too. Thank you for this!